
Les rémunérations possibles sur le marché de l’électricité pour un producteur solaire
Ecrit par Amélie Janin corrigé par Alexis Gléron, juin 2025
Les producteurs solaires font actuellement face à une évolution majeure de leur métier. Jusqu’à présent, leur activité consistait principalement à produire de l’énergie. Aujourd’hui, une nouvelle dimension entre en jeu : les producteurs doivent désormais valoriser leur production d’énergie.
Augmented Energy, agrégateur spécialisé, vous accompagne dans cette transition. Nous avons rédigé cet article à l’attention des producteurs solaires, afin de les aider à mieux comprendre le fonctionnement du marché et à repérer les opportunités dont ils peuvent bénéficier en collaborant avec nous.
Augmented Energy, agrégateur pour les producteurs solaires
Si vous souhaitez accéder aux marchés de l’électricité, avoir ou devenir un responsable d’équilibre est OBLIGATOIRE.
Augmented Energy vous permet d’accéder aux marchés, vous serez dans notre périmètre d’équilibre, et nous pourrons, si besoin vous accompagner dans la mise en place du talon de consommation et pour certains calculs économiques.
En tant que producteurs solaires, vous disposez de plusieurs modèles de rémunération possibles :
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Avoir une ACC (Autoconsommation collective)
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Avoir une ACI (Autoconsommation individuelle)
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Signer des PPA (Power Purchase Agreement)
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physique (On-site/ Off-site)
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financiers (CfD)
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pay-as-produced : l’acheteur s’engage à acheter l’intégralité de la production réelle au prix convenu
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Baseload : volume fixe
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cPPA : physique ou financier
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100% marché
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Mécanisme de soutien :
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Tarif d’achat ( OA EDF)
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Complément de rémunération ( AO CRE)
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Vous pouvez combiner plusieurs modèles de rémunérations ou non. Vous pouvez également installer une batterie avec votre parc solaire pour davantage de flexibilité. Augmented Energy peut également vous accompagner sur cet aspect.
Comme vous pouvez le constater, il existe de nombreuses possibilités de rémunération. Afin de rendre ce sujet plus clair et accessible, nous le diviserons en deux parties.
Dans cette première partie, nous aborderons les compléments de rémunération ( AO CRE) , les ACC et les ACI.
Par ailleurs, il est important de préciser que cet article vise avant tout à vulgariser le fonctionnement des différents modèles de rémunération accessibles aux producteurs d’électricité solaire sur les marchés. Il ne s'agit donc pas d'une analyse chiffrée, mais d'une introduction pédagogique. Un article plus détaillé avec des données précises pourra suivre ultérieurement.
Le complément de rémunération

Source : EDF OA
Vous êtes en producteur solaire et vous avez obtenu via une appel d’offre CRE, un complément de rémunération.
Le M0
Si vous avez un profil solaire “classique” avec injection de surplus, vous obtenez facilement le M0. En ACI et en ACC, le surplus que vous vendez est souvent en été pendant les pointes solaire quand les prix spot sont nul ou négatif.
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En été , le M0 est environ à 30€/MWh
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En hiver, le M0 est environ à 100€/MWh
Définition du M0 par la CRE
“ Définis comme moyenne sur le mois civil des prix à cours au comptant positifs et nuls pour livraison le lendemain constatés sur la plateforme de marché organisé français de l’électricité, pondérée au pas horaire par la production de l’ensemble des Installations de production d’électricité utilisant l’énergie radiative du soleil de puissance supérieure à 250 kWc situées sur le territoire métropolitain continental.”
Sur le tableau ci-dessous, les valeurs de M0 mensuel profils solaire de janvier 2024 à mars 2025

Exemple d’un complément de rémunération en injection de surplus
Cas 1
Vous avez 100 MWh de production.
Prix de vente marché spot = 60€/MWh
M0 = 50€/MWh (ex-post)
Complément de rémunération
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Tarif 100€/MWh (issu de l’appel d’offres)
⟶ CR = 50€/MWh
Calcul :
Revenu marché : 100 MWh × 60 €/MWh = 6000€
Complément de rémunération : 100 MWh × 50 €/MWh = 5000 €
Revenu total = 6 000€+ 5 000€ = 11 000 €
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Revenu moyen par MWh produit : 11 000€ / 100 MWh = 110€/MWh
Objectif minimum atteint : M0 = 50 €/MWh
L' autoconsommation individuelle (ACI)
ILes ACI et les ACC sont quasiment similaires, cependant, l’arbitrage n’est pas possible en ACI contrairement à l’ACC. En effet, l’ACI n’a pas de foisonnement d’énergie et ne peut pas consommer grâce à d’autres consommateurs, etc.
En ayant une partie de la production vendue sur les marchés, vous êtes exposé aux fameux prix négatifs. Ce phénomène impacte tous les formats de production photovoltaïque (injection de surplus, ACC, ACI,..)
En effet, depuis quelques années, ces derniers sont de plus en plus fréquents sur le marché spot.
Si vous faites une ACI avec injection de surplus, surtout dans le tertiaire, vous allez injecter quand l'électricité ne vaut rien. Dans le secteur tertiaire (bureaux, bâtiments publics…), les périodes d’excédent de production (surplus injecté) coïncident souvent avec des périodes de faible valeur de l’électricité :
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Exemple typique : dimanche à midi, faible consommation, forte production solaire.
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Résultat : prix du PRE nul voire négatif → vous pourriez payer pour injecter.
Votre dilemme en tant que producteur lors de ces épisodes est le suivant :
Est-il économiquement plus judicieux d’arrêter ma centrale ou de continuer à produire ?
Pour répondre à cette question, plusieurs variables entrent en jeu :
Quel est le pourcentage consommé en autoconsommation (ACC/ACI) ? Quel est le prix fixe de votre ACC/ACI ? Pouvez-vous moduler la puissance de votre centrale ? Etc.
Il est recommandé d’avoir une ACC/ACI qui couvre une grande partie de la centrale, en effet, il est difficile de couper une centrale. Il est possible de brider une centrale à 50%, mais opérationnellement c’est plus compliqué.
Augmented Energy peut vous accompagner dans ce calcul économique. Afin de limiter le risque lié aux prix négatifs, nous pouvons mettre en place une API fournissant des indications tarifaires. Cependant, nous ne mettons pas en place de dispositifs physiques.

Graphique généré par notre outil NoosIA
L'autoconsommation collective
Puissance de vos ACC :
≤ 36 kVA
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Injection surplus possible avec un Contrat Unique d'Injection (CUI).
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Vous devez signer un contrat GRD-A.
> 36 kVA :
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Signature ARPE nécessaire
Quel rémunération est possible avec une ACC?
En parallèle de la vente en ACC vous pouvez :
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être en complément de rémunération
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être 100% sur le marché
Dans les explication ci-dessous nous partons du principe que les consommateurs de l’ACC n’ont pas de promesse de volume.
Les différentes possibilités de valorisation de l’ACC nécessitent une certaine gymnastique intellectuelle. Afin que le fonctionnement de chaque valorisation soit le plus clair possible, nous commençons par des raisonnements simples, puis nous ajoutons de nouvelles variables au fur et à mesure. Ici, il ne s’agit pas de calculs précis, mais d’explications du fonctionnement.
Sommaire
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Cas simplifié : 100% ACC
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Le revenu PRE est supérieur au revenu ACC
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Le revenu PRE est inférieur au revenu ACC
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Cas 50% ACC - 50% Marché
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Comment définir votre clé de répartition
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Fonctionnement
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Cas 50% ACC - 50% marché avec un complément de rémunération AO CRE
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Fonctionnement
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Cas 1 : le M0 est supérieur au revenu ACC
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Cas 2 : le M0 est inférieur au revenu ACC
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Cas simplifié : 100% ACC
a. Le revenu PRE est supérieur au revenu ACC

Les consommateurs de votre ACC sont entièrement couverts par votre production.
Vous n’avez donc pas besoin d’acheter de volumes supplémentaires sur le marché day-ahead pour satisfaire leur demande.
Pour valoriser au mieux votre production, vous avez la possibilité de faire un arbitrage ex post entre :
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Le revenu garanti par l’ACC (prix fixe),
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Le revenu issu des prix des écarts positifs (PRE), via le mécanisme de RTE.
En effet, vous avez jusqu’au 8 avril 2025 pour transmettre à RTE les modalités de répartition pour le mois de mars 2025. Cela vous permet de choisir a posteriori comment répartir vos volumes entre les deux.
Dans cet exemple, le producteur va privilégier l’injection de son électricité sur le réseau car il va réaliser un gain de 75€ (1,5MWh*(200-150) ) par rapport à son revenu ACC.
Cela est possible car RTE rémunère les écarts positifs aux responsables d’équilibre lorsque ces écarts sont supérieurs à zéro (et ils sont parfois très élevés)
Puisque la répartition des volumes est déclarée en M+1, vous conservez la flexibilité de choisir entre le revenu ACC et le revenu PRE.
Exemple du PRE sur une journée

Source : RTE https://www.services-rte.com/fr/visualisez-les-donnees-publiees-par-rte/equilibrage.html
b. Le revenu PRE est inférieur au revenu ACC

On suit la même logique que dans l’exemple précédent. Contrairement à tout à l’heure, il est ici plus intéressant pour le producteur de soutirer de l’énergie du réseau et de réduire son autoconsommation. Dans ce cas, le gain serait de 182 €.
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Cas simplifié : 50% ACC - 50% Marché

Lorsque vous combinez le revenu de l’autoconsommation collective (ACC) avec celui du marché spot, une étape supplémentaire est nécessaire par rapport à un modèle 100 % ACC.
Étape ex-ante : définir une répartition avec Augmented Energy
Avant le début de la période (ex-ante), vous devez déterminer une répartition prévisionnelle entre :
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les volumes livrés aux consommateurs de l’ACC,
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et les volumes destinés à la vente sur le marché spot.
Cette clé permet d’anticiper les volumes non couverts par l’ACC, qui seront donc valorisés au prix spot. Augmented Energy vous accompagne dans la définition optimale de cette répartition.
Recommandation : sous-dimensionner les volumes livrés dans le cadre de l’ACC. Cela permet de limiter les risques de pertes en cas de baisse de consommation. Il est donc conseillé de calibrer l’ACC sur le « talon » de consommation des clients (consommation minimale et constante).Dans ce type de modèle, il est préférable d’avoir des boucles déséquilibrées en faveur de la consommation (légèrement surdimensionnée par rapport à la production).
→ Foisonnement & boucle légèrement moins déséquilibrée
Imaginons, vous avez effectué votre répartition ACC/Marché ex-ante, cependant, la consommation réelle des membres de votre ACC a été plus faible que prévu.
Y a-t-il un risque, et comment l’éviter ? Oui, il existe un risque.
Si, en fin de période, la consommation réelle des membres de l’ACC est inférieure à la production affectée à l’ACC, cela peut créer un excédent non consommé.
Dans ce cas, vous devrez vendre ce surplus au PRE (prix des écarts), sans possibilité de choix. Et si, à l’inverse, la consommation est supérieure à la production affectée à l’ACC, vous devrez acheter au prix PRE également.
Une fois que vous avez vendu votre production sur le marché spot ex-ante, ce volume est “verrouillé”. Si vous souhaitez le réduire ou le rediriger ex-post vers l’ACC, si vous constatez une consommation plus élevée, vous devrez “racheter” ce volume aux prix des écarts négatifs.
Exemple chiffrés
1) La consommation réelle est inférieure au prévision ACC
Vous avez 100 MWh de production.
Prévisions ex-ante
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70 MWh en ACC
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30 MWh vendus sur le marché spot
Réelle (ex-post)
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60 MWh en ACC
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30 MWh sur le marché spot
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10 MWh au PRE
Vous aviez prévu que les membres de votre ACC consommeraient 70MWh. Cependant, ils ont finalement consommé 60 MWh. Les 10 MWh restants n’ont pas pu être vendus sur le marché day-ahead, car la vente sur le spot se fait ex-ante. Ces 10MWh sont donc vendus au prix des écarts.
CEPENDANT, comme nous l’avons expliqué précédemment, vous pouvez effectuer un arbitrage ex-post entre le revenu ACC et le revenu PRE. Vous pouvez donc choisir ex-post à quel moment du mois vous affectez les volumes au titre de l’ACC (prix fixe) et quand vous préférez les affecter au PRE (écart positif).
2) La consommation réelle est supérieur au prévision ACC
Vous avez 100 MWh de production.
Prévisions ex-ante :
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70 MWh destinés à l’ACC
-
30 MWh vendus au marché spot
Réelle (ex-post) :
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Les membres de l’ACC consomment 80 MWh
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30 MWh du marché spot
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Vous devez donc :
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Soit affecter 70 MWh à l’ACC (maximum prévu)
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Soit affecter 80 MWh à l’ACC et acheter 10 MWh au PRE- pour compléter la conso réelle
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⟶ La seconde option est intéressante si le PRE- est < au prix spot
Vous aviez prévu que les membres de votre ACC consommeraient 70 MWh. Cependant, ils ont finalement consommé 80 MWh. Si vous les livrez avec l’ACC, il vous manquera donc 10 MWh.
Comme vous ne pouvez pas « réaffecter » les volumes du marché spot ex-post (ils ont déjà été vendus), vous êtes obligés de racheter les 10 MWh manquants au prix des écarts négatifs (PRE-). Cela représente un surcoût si le PRE- est plus élevé que le prix spot sur le même pas de temps.
Cas simplifié : 50% ACC - 50% Marché + AO CRE

Actuellement, de plus en plus de producteurs souhaitent combiner leurs ACC avec un complément de rémunération. Le complément de rémunération Dans ce mécanisme, les producteurs d’électricité EnR commercialisent leur énergie directement sur les marchés, une prime vient compenser l’écart entre les revenus tirés de cette vente et un niveau de rémunération de référence.
Définition utile pour la suite M0 : moyenne mensuelle du prix spot pondéré par les volumes de production d’une technologie renouvelable.
En ACI et en ACC, le surplus que vous vendez est souvent en été pendant les pointes solaire quand les prix spot sont nul ou négatif.
En été , le M0 est environ à 30€/MWh
En hiver, le M0 est environ à 100€/MWh
1) Le M0 est inférieur au revenu ACC.
Cette situation est la plus courante.
HYPOTHESES
Vous avez 100 MWh de production.
Prix de vente ACC = 120€/MWh
Prix de vente marché spot = 40€/MWh
M0 = 50€/MWh (ex-post)
Complément de rémunération (CR) applicable sur la part injectée :
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Tarif 100€/MWh (issu de l’appel d’offres)
⟶ CR = 60€/MWh
Prévisions ex-ante :
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70 MWh destinés à l’ACC
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30 MWh ⟶ Injectés et vendus sur le marché avec complément de rémunération
Calcul :
Revenu ACC = 70 MWh × 120 €/MWh = 8 400 €
Revenu marché : 30 MWh × 40 €/MWh = 1 200 €
Complément de rémunération : 30 MWh × 60 €/MWh = 1 800 €
Revenu total = 8 400 € + 1 200 € + 1 800 € = 11 400 €
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Revenu moyen par MWh produit : 11 400 € / 100 MWh = 114 €/MWh
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Objectif minimum atteint : M0 = 50 €/MWh
Remarque :
Le M0 est une donnée connue ex-post. Dans cet exemple, nous conservons la même répartition ACC/Marché pour illustrer les effets d’un M0 inférieur ou supérieur au revenu ACC, sans alourdir l’analyse.
Je n’ai volontairement pas intégré les arbitrages ex-post entre ACC et PRE (déjà abordés dans la section ACC & Marché), afin de simplifier la compréhension.
Cependant, il est important de garder à l’esprit que cette étape d’arbitrage existe également dans ce modèle de rémunération.
2) Le M0 est supérieur au revenu ACC.
Vous avez 100 MWh de production.
Prix de vente ACC = 120€/MWh
Prix de vente marché spot = 125€/MWh
M0 = 130€/MWh
Complément de rémunération (CR) applicable sur la part injectée :
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Tarif 100€/MWh (issu de l’appel d’offres)
⟶ CR = -30€/MWh ( M0 > tarif)
Prévisions ex-ante :
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70 MWh destinés à l’ACC
-
30 MWh ⟶ Injectés et vendus sur le marché avec complément de rémunération
Calcul :
Revenu ACC = 70 MWh × 120 €/MWh = 8 400 €
Revenu marché : 30 MWh × 125 €/MWh = 3 750€
Complément de rémunération : 30 MWh × -30 €/MWh = -900€
Revenu total = 8 400 € + 3 750 € - 900= 11 250€
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Revenu moyen par MWh produit : 12 450 € / 100 MWh = 112,5 €/MWh
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Objectif minimum non atteint : 124,5 MWh < M0 = 130 €/MWh
En ne changeant pas la répartition initiale, l’objectif de rentabilité n’est pas atteint.
Ici, il faut utiliser l’arbitrage entre l’ACC et le PRE+ ex-post pour garantir le M0. Cette arbitrage est expliqué dans la partie ACC & Marché.