Comment gérer des contrats bloc + spot ?
Tout d’abord, pour ceux qui ont cliqué sur ce lien en pensant que nous allions discuter de Duplo© (je sens votre déception poindre), définissons ce qu’est un contrat bloc + spot.
Le contrat bloc + spot est un contrat où le consommateur couvre sa consommation avec des blocs, c’est-à-dire les contrats standards échangés sur les marchés de gros (contrats calendaires, trimestriels, mensuels, base ou peak), dont il choisit le moment d’achat. Si sa consommation réelle est différente des blocs achetés, le prix spot s’applique sur les volumes résiduels. Le consommateur, s’il veut sécuriser le prix de son énergie, doit s’assurer que les blocs couvrent au mieux sa consommation prévisionnelle, de la même manière que les fournisseurs couvrent habituellement la consommation de leurs clients.
Encore peu réservés à de très gros consommateurs il y a peu, ces contrats sont devenus plus répandus, en partie à cause de la volatilité des prix de l’électricité. Mais ils sont complexes à gérer pour les consommateurs. Nous allons explorer dans cet article les rouages de leur fonctionnement.
Pourquoi les contrats blocs + spot ?
La crise énergétique et la volatilité des prix ont entraîné une explosion des risques financiers liés à l’approvisionnement en énergie. Les fournisseurs sont devenus de plus en plus anxieux à l’idée de prendre des risques de volumes, c’est-à-dire de devoir racheter ou revendre à perte des volumes d’énergie sur les marchés si leurs consommateurs ne consomment pas comme ils l’avaient anticipé. Cela se traduit par des primes de risques qui sont devenues extrêmement importantes (plusieurs dizaines d’euros/MWh, voire plus, selon le profil). Ils ont aussi commencé à proposer plus activement les contrats blocs + spot à leurs clients, car dans le cadre de ces contrats, ils ne prennent pas de risques de volumes et peuvent donc diminuer fortement leurs primes de risques.
Dans le cadre d’un contrat blocs + spot, c’est le consommateur qui assume le risque de volume. Si l’estimation de sa consommation se révèle fausse, les volumes manquants ou en excès seront rachetés au prix spot.
Toutefois, l’intérêt des contrats blocs + spot ne se limite pas à un simple transfert de risque. Dans bien des cas, le consommateur est mieux équipé que le fournisseur pour déterminer sa consommation future, ce qui réduit le risque de volume globalement. Les contrats blocs + spot permettent aussi plus de transparence sur les coûts d’approvisionnement, puisque les prix sont basés sur les prix de gros, ils sont donc plus facilement comparables.
Ils permettent aussi une gestion des risques plus fine et une meilleure vision des volumes d’ARENH attribués.
Si les blocs peuvent être revendus, les contrats blocs + spot permettent aussi d’exploiter facilement l’optionalité potentielle de la consommation. Si j’achète 50 GWh d’électricité pour livraison en 2023 début 2021 à 70 euros/MWh et que le prix à l’automne 2022 est de 800 euros/MWh, n’ai-je pas plutôt intérêt à empocher 36,5 M€ et à stopper mon usine plutôt que de continuer à produire ? Et si le prix 2023 redescend à 150 euros/MWh sur le spot, ne puis-je pas redémarrer mon usine, optimisant encore mes gains ?
Dans un environnement de marché « hostile » pour les consommateurs, ces contrats ont de forts avantages et peuvent conduire à exploiter des opportunités qui étaient auparavant inaccessibles.
Structuration initiale
Une étape initiale pour bien gérer son contrat bloc + spot est le calcul des blocs à acheter en fonction de sa courbe de charge prévisionnelle. On recherche ici la combinaison de blocs standards qui minimise l’exposition au spot pour un certain taux de couverture. Si ce taux est de 100 %, on va par exemple chercher la combinaison de X MW de contrats mensuels base et X MW de peak qui couvre au mieux en moyenne toute la consommation.
Les fournisseurs d’énergie proposent souvent leur propre analyse des blocs à acheter. Attention : les combinaisons de blocs proposées par les fournisseurs ne sont pas toujours optimales car elles reflètent souvent les caractéristiques du contrat que le fournisseur veut ou peut mettre en place, et pas ce dont vous avez vraiment besoin. Par exemple, si vous êtes une entreprise tertiaire, il y a toutes les chances que vous ayez besoin, pour vous couvrir de manière efficace, de blocs mensuels voire hebdomadaires. Le fournisseur, qui pour des raisons de simplicité de gestion, ne veut vendre que des blocs trimestriels, va présenter une analyse avec une couverture n’utilisant que ces contrats.
Une analyse externe et une négociation des types de blocs disponibles dans le contrat cadre sont donc impératives.
Capture d'écran d'un outil de structuration -Plateforme NOOS
Exécution des transactions
Bon, c’est bien de savoir quels volumes acheter et sur quelles échéances/types de blocs, mais il reste à savoir quand les acheter. Et comme vous ne pouvez pas prévoir le futur, il va falloir faire de la gestion de risque et lisser vos achats sur une certaine période (1 an par exemple). Vous pouvez aussi définir des stop-loss en fonction de votre exposition. Par exemple, si votre volume non couvert multiplié par le prix du bloc T4 2024 dépasse 5 millions, vous achetez systématiquement afin d’éviter un impact négatif sur votre activité. Une fois le moment venu d’acheter, il faudra consulter votre/vos fournisseur(s) pour obtenir un prix en essayant de profiter, si possible, de moments de baisse sur le marché.
Si la revente des blocs est possible dans vos contrats, et si vous êtes industriel, nous ne saurions que trop vous recommander de négocier cette modalité. Il est nécessaire de suivre le PnL de vos transactions. Combien seriez-vous payé ou devriez-vous payer si vous débouclez une transaction au prix d’aujourd’hui ? Cette information est importante car elle peut vous permettre d’adapter ou de stopper votre production si le PnL de certaines transactions atteint un niveau suffisamment positif (c’est-à-dire supérieur aux coûts engendrés par la réorganisation ou l’arrêt de votre production).
Suivi
Il est relativement facile d’estimer le coût que vous allez payer pour les volumes que vous avez déjà couverts, mais très difficile d’estimer le coût des volumes non couverts. De plus, si votre courbe de charge varie d’une heure à l’autre et même si vous êtes couvert à 100 % en moyenne, une partie de vos volumes sera valorisée aux prix spot, tout simplement parce que les blocs ne suivent pas exactement la forme de votre consommation. Mais comment estimer le prix du spot, qui est par définition connu seulement en J-1, pour estimer un budget ? Le mieux est d’utiliser une HPFC, une courbe de prix à terme à la maille horaire, qui évoluera automatiquement avec le marché et convergera vers le prix spot.
Capture d'écran d'un outil de suivi - Plateforme NOOS
Mais le suivi ne s’arrête pas là. Il faut aussi être capable de vérifier le réalisé afin de détecter de potentielles anomalies dans les montants facturés par les fournisseurs. Il est aussi intéressant d’intégrer sa production potentielle (CPPA, autoconsommation solaire, cogénérations, etc.) afin d’avoir une vue d’ensemble sur son budget énergétique.
Que ce soit pour la structuration, l’exécution ou le suivi, la gestion des contrats blocs + spot sans outils dédiés est complexe, et une erreur peut entraîner des conséquences importantes. Heureusement, Augmented Energy est là pour vous aider. Nous sommes capables de vous apporter non seulement des outils puissants mais aussi une expertise fine des marchés de l’énergie.
Pour plus d’informations ou pour toutes questions supplémentaires, contactez-nous à l’adresse mail : sales@augmented.energy